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Channel: J'ai un kôan pour vous
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L'automne vient, tombent les feuilles...

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AutomneVoir l'image en grand0 voteChers amis,
voici les premiers mots que je couche sur la toile de ce nouveau blog.
Dans un monde pétri d'illusions où l'homme revient de plus en plus à la recherche profonde et sincère de son essence celée qu'il pense avoir perdue, cet espace est comme une colline retirée. Retirée mais ouverte au coeur du monde.

Je vous donne rendez-vous chaque semaine pour une graine de méditation sur la vie, sur l'homme et sur cette soif qui emplit notre âme. Entre spiritualités, développement personnel et à la lumière de la philosophie de vie zen je partagerai avec vous mes émois du quotidien.

Nous avons trop confondu religion et spiritualité, et les grandes religions du monde nous ont volontairement enduits à cet amalgame; aussi l'homme croit désormais qu'il n'a plus droit à un chemin spirituel en dehors d'un clocher, d'une foi ou d'une pratique religieuse. Or, indépendamment de nos croyances, de notre foi ou de nos convictions, nous sommes tous des êtres profondément spirituels et tous nous aspirons à une vie faite de sens et resplendissante de bonté, de bonheur et de beauté.

Chaque être vivant aspire à un chemin de sérénité sur lequel semer une existence resplendissante et unifiée. Et chaque être peut emprunter ce chemin. Ici, maintenant dans l'histoire qu'est la notre, en ce monde, pas ailleurs, nous pouvons trouver un immense, infini et incroyable sens à la vie. Un bonheur imperturbable.
Ici tout est déjà possible!

Alors bienvenue dans cet espace de partage; i shin den shin, de coeur à coeur, comme on dit dans la tradition bouddhiste zen.

Regardez au tour de vous, la réalité est belle juste telle qu'elle se manifeste sous nos yeux.
L'automne vient, tombent les feuilles.

Federico Jôkô Procopio
moine zen



Etre zen signifie comprendre qui nous ne sommes pas.

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EssenceVoir l'image en grand1 vote - Qui es-tu? demanda un jour un enfant à un moine zen.
- Je suis San, un fils de Bouddha. Et toi qui es-tu? répliqua le moine à l'enfant.
- Le matin je m'appelle réveil, le midi soleil et repas généreux, le soir je m'appelle silence et reconnaissance. HHaaaa!!!!! De farine pétri je suis!

Et vous, qui êtes vous? Que sommes-nous?
Qui es-tu? demanda un jour un enfant à un moine zen....

Voici un kôan qui pose la question qui nous taraude tant, souvent sans que nous en ayons conscience. Que sui-je?
Dans une société qui revient de plus en plus vers ce besoin de se connaître que nous avions délaissé au profit du paraître, cette question résonne profondément. Elle est nécessaire.
Dans tout ce que nous faisons dans notre quotidien il y a cette question latente, comme si "que suis-je?" était la toile de fond de toute notre existence. Plus ou moins consciencieusement nous n'avons de cesse de produire des réponses à cette question sans même besoin que la question soit formulée ou exprimée.
Plus ou moins consciencieusement "nous nous disons", "nous nous affirmons", en chacune de nos pensées, en chacun de nos mots et en chaque geste qui émane de nous.
Nous n'avons de cesse de donner formes et couleurs au "je", et par là à tout ce qui se produit dans notre vie. D'où l'expression "c'est ma vie", c'est à dire ceci est la vie de celui que "je" suis. Et pour vouloir détenir ce "je" nous le définissons, nous lui collons des étiquettes, nous l'enfermons dans un concept plus ou moins cohérent.
Du coup l'écueil est soudain très simple: si je suis heureux, ma vie est heureuse, si je suis malheureux ma vie est malheureuse. Si je vis un échec, ma vie est un échec, si je vis une réussite ma vie est une réussite. Et ainsi de suite.


Ce "que suis-je?" nous le formulons implicitement bien souvent dans nos "qui es-tu?" cherchant dans le "tu" (l'autre) à comprendre notre "je". C'est donc un questionnement qui existe dans le spectre des autres, qui trouve son essence unifiée dans la vision des autres.
Nous croyons souvent être ce que nous disons aux autres, ou encore ce que les autres disent de nous. Et nous y croyons dur comme fer.
Pourtant nous ne sommes rien de tout cela.

Je suis San, un fils de Bouddha. Et toi qui es-tu? répliqua le moine à l'enfant....
Je suis ceci ou cela... beau, laid....heureux/malheureux....​ J'ai réussi, j'ai échoué. Je suis puissant, je suis faible. Je suis irremplaçable, je ne sers à rien. Que de dualités dans notre habitude à nous étiqueter.
Toutes ces étiquettes que nous collons sur nous en couches infinies nous éloignent de notre vérité la plus profonde alors même que nous sommes convaincus qu'elles nous affirment ou tout du moins nous protègent.
Tous ces "je suis ceci, cela, comme ceci, comme cela"...sont autant de mur qui enferment notre existence dans des concepts d'expériences révolues au lieu de nous laisser ouverts et libres à tous les possibles.
Petit à petit sans que nous nous en rendions compte notre vie se ternit, se referme sur elle même et avec le temps nous nous oublions, nous ne nous connaissons plus.
C'est alors que notre regard sur les autres et sur le monde change aussi et devient un regard qui juge, qui étiquette, qui enferme. Un regard qui ne sait plus connaitre ou reconnaitre, car c'est un regard de celui qui se méconnait.
Quittant l'enfance spontanée et libre, nous finissons souvent par devenir un regard qui enferme car il est prisonnier. Un regard qui méprise car il ne sait plus s'aimer en vérité.
Ce que nous finissons par aimer en nous ce sont tout un tas d'illusions et de mensonges que nous construisons sur nous mêmes ou que les autres ont plaqué sur notre vie.

Le matin je m'appelle réveil, le midi soleil et repas généreux, le soir je m'appelle silence et reconnaissance.....
Si nous nous posons un instant et nous regardons notre vie en face, comme l'on scruterait les yeux d'un être aimé pour y saisir toute l'immensité et l'émoi, nous nous découvririons soudain beaucoup plus vastes et infinis que nos jugements, nos étiquettes et nos définitions. Un champ où toute floraison est possible. Le chardon et la rose, le lierre et la tulipe.
Aussi quand vient le matin au réveil nous serions juste nouveaux, ouverts à tous les possibles; lorsque le soleil de midi pointera haut dans le ciel il n'y aura que l'abondance de nos expériences, généreuse abondance; et lorsque le soir recouvre le monde avant le repos de la nuit, nous ne serons qu'un vaste silence reconnaissant qui laisse tout se dissoudre dans le repos, ouvert en confiants au jour qui viendra.

Un des secrets du bonheur profond n'est pas de répondre à ce "que suis-je" que nous nous posons tous... le secret est de comprendre que la question "que suis-je" est elle même déjà la plus belle des réponses puisqu'en se posant sans cesse elle nous révèle que sans cesse nous sommes nouveaux et qu'il y a autant de réponses que d'instants qui s'écoulent.

Cette semaine posez vous avec conscience cette question régulièrement dans la journée, "que suis-je?" ... et laissez la réponse jaillir d'elle même.

Qui êtes vous?
Quel est votre nom au matin? à midi? et le soir?...

Un oiseaux traverse le ciel,
lorsqu'il est passé il n'a pas emporté avec lui le bleu infini.

Federico Jôkô

INVITATION à la SIGNATURE DEDICACE du livre "LE CHEMIN DE LA SERENITE"

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Capture d’écran 2013-08-28 à 13.11.08Voir l'image en grand0 voteChers amis,
le bouddhisme, le zen, la méditation... autant de réponses qui semblent nous parler et apporter un éclairage neuf et profond sur nos chemins intérieurs.
Mais qu'est-ce que méditer? Que signifie "zen"?

Dans mon dernier livre "LE CHEMIN DE LA SÉRÉNITÉ", je vous accompagne sur ce sentier merveilleux où toutes les floraisons du coeur sont possibles pour que puisse éclore en nous une existence sereine et profondément épanouie.

Je vous invite Jeudi 17 octobre de 18h à 20h à la librairie Eyrolles 57, boulevard Saint Germain à Paris pour une séance de dédicace de mon dernier ouvrage.
(Métro Cluny la Sorbonne).

De coeur à coeur, le zen est loin d'être une technique nouvelle de relaxation et de promesses de bonheur; le zen c'est un chemin de merveilles qui se trouve sous chacun de nos pas sans que nous en ayons conscience. Le zen c'est l'affaire de notre vie, et la méditation le chemin serein qui la parcours.

J'espère vous rencontrer jeudi soir et faire votre connaissance au tour d'un verre de partage.
A jeudi soir.

Federico Jokô PROCOPIO
moine bouddhiste zen


Interview Federico Jôkô Procopio



D'où vient mon regard?

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Capture d’écran 2013-10-24 à 00.08.200 vote
Le Maitre demanda au moine: "Que vois-tu en face de toi?"
Le moine répondit: "Un excrément".
Bien, repliqua le maitre.
"Et vous, que voyez vous en face de vous?" reprit le moine.
"Moi je vois un bouddha resplendissant de grandeur et de beauté", répondit le maitre.
Et apres un long silence il ajouta: "Vois tu, un bouddha ne peux voir qu'un bouddha"...



Ce matin dans le métro, alors que je lisais un quotidien, j'entends deux jeunes hommes assis derrière moi dire: "Ahh la vache elle est superbe cette fille, mais comment elle peut être avec un thon pareil?...., répugnant le laideron!" ...
Saisi par ce petit commentaire anodin, comme on en fait tant tous les jours, j'ai cherché du regard le couple faisant l'objet de cette critique désinvolte.
J'ai balayé mon champ d'horizon et j'ai en effet trouvé de mes yeux un jeune couple d'amoureux d'une trentaine d'années dont la fille semblait à peine sortie d'un magazine de mode et le garçon, lui, trés simplement habillé, un peu trop timide se cachant derrière de grandes lunettes de vue, un peu gauche dans ses gestes, et la peau très abîmée par une forte achnée juvénile sans doute; en somme une image de ce que notre société de clichés pourrait facilement cataloguer, au mieux, d'un garçon sans intérêt....

J'ai fermé mon journal et, l'air de rien, je me suis surpris à observer ce jeune couple.
De temps à autre leurs regards s'enlaçaient en une longue contemplation intime, l'un de l'autre. Parfois leurs mains se frôlaient comme pour se dire tacitement je suis là.
D'un coup, elle fait tomber son guide de Paris par terre, lui il le ramasse et le repose sur ses genoux; soudain elle glisse son assise en avant au bord du strapontin et cale sa tete au creux de l'épaule du jeune homme, qui en un instant s'empresse d'écarter le col de son sweat-shirt de peur que la fermeture éclair ne gène le visage de sa compagne.
Trois stations durant, elle était abandonnée au corps de son compagnon, en confiance, et lui il maîtrisait sa posture pour que les secousses de la course du métro n'entravent pas le repos "d'elle".
Je savais qu'ils descendraient à Chatelet puisque plus tôt ils s'étaient dits en italien "ecco la nostra stazione é Chatelet"; pourtant à Chatelet ils ne descendirent pas.
Quatre stations plus tard la fille se redresse et s'étire, lui fait une moue tendre et lui effleure la joue de revers de ses doigts et lui dit qu'elle est jolie quand elle se repose....

Ils descendent, lui il boite, j'ai l'impression de deviner une déformation de la hanche.
Les gars derrière moi ricanent et sifflotent la mélodie de la danse des canards.
Je décide de me retourner pour les regarder. C'étaient là en fait trois jeunes hommes entre 25 et 30 ans, très beaux d'apparence, bien habillés, accessoirisés sans faute de gout.

Pourtant leurs regards m'ont glacé de tristesse.
J'ai subitement cherché par la vitre du métro s'en allant de plus en plus vite le couple italien; ils traversaient le quai et ils embaumaient l'amour.

Où réside donc la beauté du monde? la beauté de l'autre qui croise notre route?
Je ne sais pas ce qui est beau ou ce qui ne l'est pas.
Je sais qu'il y a des choses, des êtres, des situations qui peuvent plus ou moins me plaire. C'est normal.
Mais la beauté du monde où est-elle?

Ce qui a amené ces trois jeunes hommes à ricaner, insulter, ou à se moquer de ce couple dans le métro, est exactement ce qui pour moi a été un moment d'une grande tendresse et beauté.
Nul doute que ce qui est merveilleux pour moi peut être au même moment et dans la même situation absolument inintéressant voir répugnant pour d'autres.

Le bonheur des autres ne nous intéresse plus, parce que nous avons cessé de nous inquiéter de notre véritable bonheur à nous. Ce qui nous intéresse aujourd'hui c'est d'être beaux, musclés, sexys, à la mode, riches, etc. Et puisque notre recherche c'est ça, nous finissons par nous considérer à la lumière de ces critères d'apparence, de surface. Par ricochet, et comme par une sorte de recherche de repères, nous tombons inévitablement dans un regard qui finit par se limiter à rechercher chez les autres la beauté extérieure, la richesse, les intérêts, les codes sociaux qui font "mode". Nous enfermons ce que nous sommes ainsi que la vision des autres et du monde dans ces jugements éphémères et superficiels. Dès lors la critique est facile, désinvolte, parfois cruelle, voire maladivement nécessaire pour confirmer une image fragile de nous. D'autant plus cruelle cette vision, qu'elle naît de notre propre incapacité à être apaisés en nous mêmes puisque perdus, loin de notre véritable bonheur.

Si nous revenions en nous, à la recherche de notre beauté intérieure profonde, si au lieu de nous inquiéter de notre apparence nous nous soucions de notre beauté intérieure, soudainement nous finirions par nous intéresser au bonheur des autres au lieu de leur aspect ou de leur fortune.
C'est là un des secrets du bonheur. C'est le regard que nous portons sur nous mêmes qui perçoit ce qui est extérieur à nous. Ainsi nous pouvons voir des excréments là où gisent des trésors; ou alors saisir d'un coup d'oeil toute la beauté du monde.
C'est dans notre regard intérieur que réside la beauté et non pas dans ce que nous observons. Cette prise de conscience est vraiment importante bien qu'elle demande un énorme travail sur nous même. Elle est importante principalement pour deux raisons:
D'abord parce que cette réflexion nous mène à plonger en nous et nous réconcilier avec ce que nous sommes au plus vrai de nous; à vrai dire ni beaux ni laids, ni utiles ni inutiles: juste nous, nous avec notre histoire. Cette vérité ne peut que se déverser sur tout ce que nous contemplons tout au long de notre existence. C'est ainsi que nos jugements tombent et que la vie s'apaise.
Mais aussi parce que cela nous permet de comprendre que ces regards inquisiteurs, ces jugements de valeurs superficielles que nous subissons au quotidien, le plus souvent ne sont que le regard trouble de tant d'êtres qui portent des lunettes boueuses de celui qui ne se connaissant pas a du mal à rencontrer l'autre; de celui qui en s'aimant pas ne sait pas aimer; de celui qui n'ayant pas confiance en soi se méfie d'autrui; de celui qui ne vivant et en se jugeant qu'en surface ne peux que voir et juger les autres et le monde en de manière superficielle.

Et vous, comment verrez-vous ce monde et les autres aujourd'hui?
Quel est le regard que vous portez sur vous d'instant en instant?

L'automne vient,
la branche se dénude.

Federico Jôkô

SIGNATURE DEDICACE DU LIVRE "LE CHEMIN DE LA SERENITE" par le moine zen Jôkô

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Capture d’écran 2013-10-30 à 11.56.58Voir l'image en grand0 vote Chers amis,
le bouddhisme, le zen, la méditation... autant de réponses qui semblent nous parler et apporter un éclairage neuf et profond sur nos chemins intérieurs.
Mais qu'est-ce que méditer? Que signifie "zen"?

Dans mon dernier livre "LE CHEMIN DE LA SÉRÉNITÉ", je vous accompagne sur ce sentier merveilleux où toutes les floraisons du coeur sont possibles pour que puisse éclore en nous une existence sereine et profondément épanouie.

Je vous invite Jeudi 7 NOVEMBRE de 18h à 20h à la librairie Detrad, rue Cadet pour une séance de dédicace de mon dernier ouvrage.

De coeur à coeur, le zen est loin d'être une technique nouvelle de relaxation et de promesses de bonheur; le zen c'est un chemin de merveilles qui se trouve sous chacun de nos pas sans que nous en ayons conscience. Le zen c'est l'affaire de notre vie, et la méditation le chemin serein qui la parcours.

J'espère vous rencontrer jeudi soir et faire votre connaissance au tour d'un verre de partage.

Federico Jokô PROCOPIO
moine bouddhiste zen



La vie ou la mort?

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Capture d’écran 2013-10-30 à 13.08.04Voir l'image en grand0 vote Suite à une longue maladie, le chat du monastère mourut.
Après la cérémonie et les chants de soutras une fillette vint alors demander au maître Seung Sahn:
- Qu'est-il arrivé au tout mignon chat du temple? Où est-ce qu'il est allé?
-D'où viens-tu? répondit maître Seung Sahn
-Du ventre de ma maman.
-D'où vient ta maman?
La petite fille restait silencieuse. Alors Seung Sahn ajouta:
- Dans le monde, tout vient d'une même et unique seule chose. Cela ressemblerait à un magasin de biscuit où l'on préparerait des biscuits de toute sorte. Des biscuits en forme de lions, de tigres, de lettres, de voitures ou de bonhommes et de formes géométriques. Tous ces biscuits ont des formes différentes et des noms différents et pourtant tous, ils sont pétris de la même page et ont le même gout car ils sont de la même substance.
Ainsi pour tout ce que tu vois dans ce monde, une personne, un arbre, une fleur, le soleil,…tout cela est vraiment pareil.
-Mais c'est "quoi" tout ça alors?
-Tu vois, les gens donnent beaucoup de noms à toutes ces choses, mais en réalité rien ne porte un nom. Lorsque tu penses à ces noms et à ces formes alors, toutes ces choses ont des noms et des formes différentes. Mais quand tu ne penses pas à ces noms et formes alors toutes ces choses sont pareilles. A l'origine il n'y a pas de noms, ce sont les humains qui créent ces noms différents pour les désigner. Un chat ne dit pas "je suis un chat". C'est nous qui disons: "C'est un chat." Tout comme le soleil ne dit pas "Je suis le soleil." Mais ce sont les gens qui disent: "C'est le soleil."
Si quelqu'un te demande "Qu'est-ce que c'est ceci?" comment réponds-tu ?
-Je devrais ne pas dire de mots alors.
-Très bien! tu ne devrais pas utiliser de mots. Alors si quelqu'un te demande "Qu'est-ce que Bouddha?" quelle serait une bonne réponse?


La petite fille restait silencieuse.


-Demande-le moi. Dit Seung Sahn.
-Qu'est-ce que Bouddha?
-Bam!! Maître Seung Sahn frappa le sol.
La petite fille rit.
Puis Seung Sahn ajouta:
-Maintenant je te le demande à toi: Qu'est-ce que Bouddha?
-Bam! la petite fille frappa le sol.
-Qu'est-ce que Dieu ? ajouta Seung Sahn…
-Bam! la fillette frappa le sol très sérieuse.
-Qu'est-ce que ta maman?
-Bam! la petite fille frappa encore le sol très déterminée.
-Qu'es-tu?
-Bam!! encore un coup sur le sol.
En souriant maître Seung Sahn dit:
-Bien! Tu vois? c'est e cela que sont faites toutes les choses dans le monde. Bouddha, toi, ta maman, Dieu, le chat du temple et le monde entier vous êtes pareils.


La petite fille émue, sourit. Seung Sahn ajouta:
-As-tu d'autres questions?
-Oui: tu en 'mas toujours pas dit où s'en est allé le gentil chat du temple!
Seung Sahn se pencha en avant vers elle et lui dit:
-Tu as déjà compris.
-Ohhh!! s'exclama la petite fille, puis elle frappa le sol: bam! Et elle se mit à rire.
-Très bien, c'est ainsi qu'il faudrait répondre à toute question. C'est cela la vérité.
La petite fille se prosterna et partit. Puis sur le seuil du temple elle se retourna vers Seung Sahnet lui dit:
-Mais à l'école je ne répondrais pas comme ça: je donnerais des réponses normales!
Maître Seung Sahn rit.



Début novembre est passé.
J'ai observé les gens arpentant les cimetières. Certains désespérés par la douleur encore fraîche , d'autres déambulant entre devoir et souvenir.
J'ai souvent côtoyé la mort. J'ai cohabité dans mon enfance avec la douleur qui broie ceux qui restent. Et pourtant je ne vois pas la mort comme une fin dramatique et terrible.
Avez-vous observé faner une fleur qu'un être cher vous a offert? Bien que nous la laissions sécher accrochée à un miroir ou dans les pages d'un livre, cette fleur, au delà de ces restes séchés, vit encore. Différemment, mais elle ne cesse pas de vivre.
Ainsi pour nos êtres chers. Le corps s'en va dans la logique des choses, mais nous demeurons autrement et dans cet état imperceptible la présence est encore plus forte.




Si nous regardons à la surface de ces instants qui nous réunissent en ce début du mois de novembre, nous voyons la tristesse. Le deuil. Le manque injuste d’un être cher.
Où est la mort? Où est la souffrance? En ces jours-ci nous rentrons dans l’automne, mais où est l’automne? l’automne n’existe pas. Les feuilles brunissent et tombent; le vent se fait frais; les vendanges s’imposent; les brumes épaisses reviennent... Mais l’automne n’existe pas.


Ma grand mère me disait un jour: « Les vivants ferment les yeux de ceux qui partent. Mais ceux qui partent ouvrent les yeux aux vivants. » Alors que voyons nous si nous allons au delà de la tristesse? Qu’est que le grand départ nous montre donc? Que tout passe. Que tout change. Que tout se transforme. Car en ce monde tout est impermanence. Seuls perdurent les effets de ce que nous avons été. Si ce corps part, et nous souffrons de ne plus le voir, de ne plus le toucher, tout ce qui a procédé de ce corps fait à jamais partie de ce que nous sommes, et par nos mémoires, nos émotions, nos pensées et nos affects s’inscrit et devient l'éternité.
En nous et bien au delà de nous.




Alors que nous montre la mort? Que ce n’est que ce corps qui s’en va. Mais que de nous reste le plus important, ce que la mort même ne peut nous prendre. Car sans doute nous ne sommes pas que ce corps. De l’humilité et de la beauté de ce que nous sommes, je retiens un enseignement précieux et c’est bien là dessus que la mort ouvre mon regard aujourd’hui. Que le passé n’est plus. Que l’avenir n’est pas encore. Et que seul existe l’instant présent. Et c’est au coeur de chaque instant que nos êtres chers vibrent, vivants et libres dans la mémoire et le coeur de ceux qui ont croisé et partagé un chemin.


Non, la mort n’est pas la fin, mais c’est un changement. Tout comme les nuages ne meurent pas quand ils disparaissent, mais se transforment en pluie. Cet enseignement est alors merveilleux; soudain le départ n’est pas une litanie de deuil, mais un hymne à la vie. Parce que nous nous souvenons, parce que l’amour et l’affection sont encore vibrants, parce que , en réalité, cet éphémère est éternel, …!
Et bien que ce corps ne soit plus tangible, nous vivons encore mais d’une façon plus subtile, plus forte et plus perceptible. Plus large et plus infinie aussi.
Et ceci est merveilleux, immortel.


C'est comme les biscuits de maître Seung Sahn; il y a une substance en nous qui pétrit tout l'univers, cette étincelle. Cette substance qui se fait et se défait harmonieusement. Mais qui en réalité est indéfinissable. Indicible. Si nous disons vie, il y a la vie. Si nous disons mort, il y a la mort. Mais si nous observons sans étiqueter les choses et les expériences alors nous voyons juste le monde sans cesse changeant où tout apparaît et tout disparait sans cesse; où à chaque instant tout est sans cesse nouveau. Si nous disons la mort c'est triste, cela est faux. Si nous disons la vie est bonheur, cela est faux aussi. La mort n'est que la mort. La vie n'est que la vie. Tout comme le ciel est bleu, et la cerise est rouge. Et puis si la vie cesserait à l'instant où ce corps s'éteins, si notre existence se résumait à ce corps, alors nous ne serions donc que ce tas d'os? cet ensemble, cette magnifique, qu'est le corps? Et nos émotions? nos pensées? nos perceptions? Contemplez tout ce qui émane des personnes qui nous ont précédé, et vous saurez ô combien nous ne sommes pas que ce corps, mais que ce corps n'est qu'une forme, une manifestation parmi tant d'autre de cette pâte à biscuits universelle...


Nous voudrions tout détenir tout posséder tout maitriser. Etre peut être éternels. Mais quand on y pense cela serait stérile et ennuyeux. La vie c'est le changement permanent de toute chose et c'est juste ainsi. Et cela est merveilleux.
Notre culture judéo-chrétienne nous morfond dans la douleur morbide du deuil et nous a éduqués à vivre dans la peur d'une réalité qui en soi, dans sa vérité n'est ni bonne ni mauvaise, mais juste ainsi. Nous voilà habitués à vivre dans l'attente d'un au delà que nul n'a jamais ni vu ni touché, ni connu. Et à la fin nous ne vivons plus notre vie; nous finissons soit par en espérer une autre dans un au delà illusoire; soit de construire une survie amoindrie par la peur de perdre et de mourir.


Alors regardons la mort comme l'on regarderait une fleur faner, comme l'on contemplerait le soleil se coucher et laissons nous saisir par l'instant présent. Rappelons nous sainement que nous allons, un jour, mourir, et que cela puisse nous donner la force profonde, le bondissement merveilleux de désirer vivre la vie pleinement tant qu'elle est là, tant qu'elle coule sous nos pas, devant nos yeux.


Lâcher prise, même quand la douleur est forte, car la véritable réponse à la mort n'est autre que la vie. Et soudain être libres.
L’homme ordinaire, voit une fleur, et il la coupe pour la mettre dans un herbier avant qu'elle ne fane....
L’homme sage, profond, voit une fleur faner et compose un poème.
Puissent nos vies devenir poème en regardant la fleur merveilleuse qu'est l'existence, apparaître, éclore, faner et puis…..et puis exhaler bien au delà de la forme et du nom…..et toujours répondre à la mort, à la grande mort, mais aussi à toutes nos morts du quotidien, par la vie!




"Il s’en vient les mains vides, il s’en va les mains vides; Voici l’homme.
Quand vous êtes nés d’où veniez vous?
Quand vous mourrez où vous en irez vous?
La vie est comme un nuage flottant qui apparaît, la mort comme un nuage flottant qui disparaît.
Mais il y a une chose pure et claire qui ne dépends ni de la vie ni de la mort,ni de la joie ni de la tristesse, ni du bonheur ni du malheur. Qu’est-ce donc?"




Federico Jôkô

Intérieur ou extérieur?

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Capture d’écran 2013-11-19 à 00.26.55Voir l'image en grand0 vote Un jour un disciple demanda au maitre Seung Sahn:
- Dans le christianisme Dieu est une entité à laquelle on s'adresse et qui donc se trouve à l'extérieur de nous, alors que dans le bouddhisme "dieu" serait plutôt en nous, à l'intérieur de nous et donc nous ne sommes qu'un avec dieu. Est-ce exact?
Maître Seung Sahn répondit:
- Dis moi, où se trouve l'intérieur? Où est l'extérieur?
- L'intérieur est ici, dedans, répondit le disciple, l'extérieur est là dehors.
- Mais dis-moi, comment peux tu les séparer? où se situe donc la frontière?
- Je suis à l'intérieur de ma peau, et le monde est à l'extérieur de moi. Répliqua le disciple.
Maîtres Seung Sah ajouta:
- Mais ceci est la peau de ton corps? ou la peau de ton esprit?
- L'esprit n'a pas de peau. S'empressa de répondre le disciple zen.
- Alors où es ton esprit??
- À l'intérieur de ma tête!
- Ahahahahah!!! répondit maître Seung Sahn, Alors ton esprit est vraiment tout petit! Tu dois garder un esprit vaste, alors tu percevras que Dieu, Bouddha et l'univers tout entier peuvent tenir dans ta tête.
Puis en levant le bras Maître Seung Sahn demanda:
- Cette montre est à l'intérieur ou à l'extérieur de ton esprit?
- À l'extérieur!
- Si tu dis à l'intérieur je te frappe; mais si tu dis à l'éxtérieur je te frappe aussi!
- Peu importe; je soutiens qu'elle est à l'extérieur!
- Si elle est à l'extérieur, comment peux-tu savoir que c'est une montre?? Ton esprit vole-t-il à travers tes yeux sort de toi, vient toucher la montre, puis il revient à l'intérieur pour que tu puisses dire "c'est une montre" ?
Le disciple ne sut quoi répondre et juste avant de s prosterner il entendit Seung Sahn lui dire:
- Ne crée ni intérieur ni extérieur.



Nous divisons le monde en une dualité sans fin.
Nous croyons sensiblement être séparés entre un monde intérieur et un autre qui serait extérieur. Les religions nous ont conditionnés à croire cela, ou tout du moins l'interprétation qui a été faite des messages religieux dans le monothéisme nous a amené à imaginer que notre esprit serait en nous, alors que le monde, les autres, Dieu, et les phénomènes seraient à l'extérieur de nous. Et pour le coup Nous sommes coupés en deux, au mieux, voire en milles morceaux; moi, le monde, dieu, mon esprit, l'autre, les autres, la vie, les phénomènes, les valeurs, les pensées les émotions, les perceptions, une fleur, un enfant, etc…. croyant certains de ces éléments comme intérieurs et d'autres comme extérieurs à nous.

Pourtant.
Quand je nais en ce monde, je viens au monde avec mon monde.
Lorsque je peurs et je quitte ce monde, mon monde se meurt avec moi.
Prenez n'importe quelle situation, phénomène ou objet en face de nous. Si je m'assieds à vos côtés pour contempler le même objet, la même situation, la même personne ou le même phénomène, j'ai beau m'assoir le plus proche possible de vous et coller ma joue à la votre pour essayer de partager le même regard, nous ne verrons jamais la même chose, nous ne ressentirons jamais le même émoi et nous ne percevrons jamais la même sensation.
Si vous observez ceci attentivement ne serait-ce qu'une seule fois par jour, alors vous comprendrez très vite que nous sommes le Tout et que nous sommes inséparables du Tout. Les frontières que nous posons sur les choses, sur les expériences et sur les phénomènes n'existent pas. Etant des manifestations diverses d'une seule et même réalité que j'ai appelé "le Tout", il n'y a ni intérieur ni extérieur à vrai dire, et surtout surtout, il n'y a ni objet ni sujet. Il y a une seule et grande plénitude. Pour comprendre cela il est donc nécessaire de percevoir que tous autant que nous sommes nous vivons avec notre propre monde; mon monde n'est que mon monde et il est fait de ce que je ressens, ce que j'expérimente, ce que je vis, ce que je vois, ce que j'entends. ET cela n'a rien à voir avec ce que vous vous ressentez, expérimentez, vivez, voyez, entendez etc etc.

"Ne créez pas intérieur et extérieur" signifie plus précisément, cessez de vous séparer de reste de l'univers. Et si nous voulons aller plus loin on pourrait dire: cessons de nous séparer du reste de l'univers et cessons de matérialiser des discriminations qui originellement n'existent pas et ne font pas sens.
Une cloche sonne….certains y ressentiront la joie de l'enfance, d'autres la répulsion du religieux, d'autres un dérangement, certains une élévation spirituelle, d'autres encore une grande quiétude. Mais quelle est la vérité de cette cloche? Et surtout surtout, où est-elle cette cloche? Elle est figée dans le réel d'un métal qui résonne, ou bien elle prends les milles et une couleurs des émotions de mon esprit?
Mais mon esprit, lui même est-il pareil ou différent du son de cette cloche?
Mon esprit est le son de la cloche en vérité ne sont pas séparés.
Si ce son est pour moi cause de liesse, comme une mélodie sereine dans mon coeur, alors je suis cette liesse.
Si ce son est pour moi dérangement, comme un bruit énervant du monde extérieur à moi, alors je suis ce dérangement.
Mais si ce son n'est que le son de la cloche alors il n'y a plus ni intérieur ni extérieur. Il y a juste le son d'une cloche…..et sa sensation n'est que mienne car elle nait dans mon monde et meurt avec mon monde.

Qu'est-ce que cela signifie donc?
Que je ne puis dire: "le son de cette cloche est beau", ou "il est laid". Je ne peux dire non plus "le son d'une cloche fait du bien"; et encore moins "il fait du mal". Tout ce qui se produit sous mes yeux n'appartient qu'à mon monde à moi car il est ressenti avec les convergences et les ingrédients de ma propre histoire. Et avec mon monde il s'en ira.

Pas d'intérieur, pas d'extérieur signifie simplement que nous ne sommes séparés d'aucune de nos expériences, d'aucune de nos sensations, d'aucune de nos émotions et que tout cela n'est qu'un spectre éphémère et subjectif de la façon dont nous nous unissons au monde et aux phénomènes.

Pour dire les choses beaucoup plus clairement: ce n'est pas cette personne qui est belle ou laide; il n'y a que moi qui suis capable de voir cette personne avec beauté ou avec laideur. Il n'y a pas une personne bonne ou méchante en soi, car le pire criminel est capable d'amour tout comme l'être le plus aimant n'est pas à l'abri d'une méchanceté ou d'un crime, c'est mon regard, mon esprit, mon unification avec la vie qui voient bien ou mal. Et même. Face à un crime atroce nous en ressentirons pas du tout la même sensation de mal, tout comme face à la plus belle manifestation de bonté ou d'amour nous ne ressentirons pas du tout le même émoi. Il n'y a pas de vérités absolues. Juste une immense vaste grandeur de l'existence.

Juger le monde au tour de nous, c'est nous juger nous même, comme des idiots qui parlent à un miroir. Laisser tomber les jugements nous libère d'une profonde souffrance, celle de passer notre temps à diviser la réalité en mille morceaux et coller des étiquettes illusoires sur nos expériences.

Comprendre que nous sommes les créateurs de notre monde, c'est saisir notre force profonde et substantielle.
Cela serait comme dire que la beauté n'est pas dans l'objet qui est vu mais dans le regard qui se pose sur le monde.
Oui, il est vraiment possible de donner à "mon monde" une sereine vision pacifiée et libérée, détachée de ces bagages illusoires qui nous encombrent.

Demain observez le monde qui est le votre…
La beauté de cet enfant qui vous aime où est-elle? en vous ou à l'extérieur de vous?
Le souvenir d'un être cher où est il?
L'amour de l'être aimé où se situe donc? En vous, en l'autre, dedans ou dehors?
La violence d'une insulte contre vous, d'un manque de respect, où est-elle? en vous où à l'extérieur de vous?
Ne sommes pas plus larges, plus vastes, plus infinis que ces barrière illusoires que nous entons entre le monde en nous?

Dites moi,
si un arbre tombe dans la forêt, fan-t-il du bruit si nul ne l'entends?

Federico Jôkô

EVENEMENT: SOIREE de MEDITATION et ENSEIGNEMENT avec le moine zen Federico Jôkô Procopio

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Capture d’écran 2013-11-29 à 12.34.520 vote Mardi 17 décembre
LE TEMPS DU COEUR

SOIREE DE MEDITATION ZEN ET D’ENSEIGNEMENT
Avec le moine Federico Jôkô PROCOPIO et Shinnyo



Chers amis de La Montagne Sans Sommet,
Les fêtes de Noël arrivent à grands pas; nos villes clignotent et s’agitent ... et bientôt le temps du repas du partage et de la joie du sapin habillera les vacances d’hiver.
Une année...un claquement de doigts...
Les fêtes de noël oscillent entre joie et nostalgie, tantôt moments forts de profondeur, tantôt vies éparses dans le superficiel.
Mais quel est notre trésor véritable?

Je vous invite mardi 17 décembre prochain à poser un moment d’arrêt, une halte sereine avant de nous glisser dans l’étincèlement des fêtes de fin d’année.
Nous écouterons la lecture du Sutra bouddhique de l’Amour Universel, que je commenterai.
Nous méditerons ensemble un long moment pour puiser au plus profond de cette soirée de coupure de notre quotidien agité, les plus beaux trésors qui pourront parer nos fêtes d’une plus grande splendeur sereine.

A la fin de la soirée je vous guiderai dans la fabrication traditionnelle des lanternes en papier en forme de lotus pour amener chez vous de façon tangible ce moment intérieur où nous partagerons la paix du cœur, au creux de notre capitale frémissante. Comme il est de tradition dans certains pays d’Asie, cette lanterne vous l’offrirez, au cœur des fêtes, à la personne de votre choix; celle que vous aimez, celle que vous souhaitez pardonner, ou la personne de votre choix pour les raisons qui vous tiennent à cœur. Ce geste fort nous permets de rebondir de notre méditation, de ce moment de recueillement serein, pour aller vers les autres ouverts au monde par un geste de beauté.

Le programme de la soirée:
19h45: accueil
20h00: Initiation à la méditation.
20h15: Zazen (méditation zen)
-- -- : Enseignement sur le Sutra de l’Amour Universel
-- -- : Création des lanternes en papier pour les vœux de fin d’année
-- --: Partage du thé – cercle zen de partage
22h00 (environ): Clotûre de la soirée par une brève cérémonie des lumières

Détails techniques:

  • La participation de la soirée proposée est de 10 euros par personne;
  • Apportez un plaid et un coussin assez épais, si vous avez un “zafu”, coussin de méditation, c’est encore mieux
  • Prévoyez une tenue confortable (surtout le bas)
  • Vous pouvez apporter tartes ou gâteaux et/ou jus de fruits que nous partagerons à la fin de la soirée
  • Vous pouvez venir accompagnés, même des personnes qui n’ont jamais médité et qui souhaitent rencontrer la voie du bouddhisme zen pour la première fois

Lieu:

  • Nous vous accueillerons à “La Fiap - Jean Monnet”: 30, rue Cabanis 75014 PARIS
  • Métro Saint Jaques ou Métro Glacière
  • Vous demanderez “la soirée zen” dans la “Salle Madrid”


Je vous attends donc le 17 décembre prochain à partir de 19:45 pour ce moment de partage serein au tour de la méditation zen.
Nos vies, quelles qu’elles soient, seront brillantes de beauté et de bienveillance si nous prenons le temps régulièrement de nous approfondir, d’entretenir notre beauté intérieure , portés par l’enthousiasme intérieur de nous absorber au cœur de notre existence.


Les rendez-vous de La Montagne Sans Sommet sont des temps de recueillement spirituel ouverts à tous sans distinction, bouddhistes ou pas; ce sont des moments où, l’espace d’une soirée, nous posons la tente de notre vie, ensemble et au cœur du monde, pour raviver le sens de notre existence et apprendre à dessiner le bonheur imperturbable en nous et tout au tour de nous, mettant nos pas dans ce simple et bel enseignement transmis par le Bouddha.

Ces rendez-vous sont un moment de partage et de pratique de la méditation zen, d’enseignements laïques sur le bouddhisme et sur la philosophie et les arts de vie du bouddhisme zen, mais également et surtout des moments d’échange et de partage.

L’hiver arrive, le ciel est bas
La terre en elle garde la chaleur
Et les branches sèches cultivent déjà la fleur délicate et merveilleuse du printemps.


A bientôt, dans le plaisir de partager ces instants de sérénité avec vous!
De mon cœur à votre cœur,

Federico Jôkô
Moine zen


PS : vous trouverez ci-dessous le texte du Sutra de l’Amour Universel qui fera l’objet de l’enseignement et de la méditation du 17 décembre prochain.




METTA SUTRA
« Sutra de l’amour universel »

Voici ce qui doit être accompli par celui qui est sage,  
Qui recherche le Bien et a obtenu la Paix ;

Qu'il soit appliqué, droit, parfaitement droit, docile,  doux, humble, content, aisément satisfait;

Qu'il ne se laisse pas subjuguer par les affaires du monde,  
Qu'il ne se charge pas du fardeau des richesses,  
Que ses sens soient maîtrisés;

Qu'il soit sans orgueil et ne s'attache pas aux familles.

Qu'il ne fasse rien qui soit mesquin  
Et que les sages puissent réprouver.
Ses pensées, ses paroles, ses actes  
Doivent avoir pour objectif:  Le bonheur, la joie de tous les êtres,  
Aussi bien petits que grands, faibles que forts,  Bien-portants que malades. pauvres que riches.

Qu'il ne déçoive ni ne méprise aucun être,
si peu que ce soit.
Qu'il soit sans haine, sans colère,  ne souhaitant jamais le mal à autrui.

Pareil à la mère qui, au péril de sa vie,  Surveille et protège son unique enfant,  de même, avec un esprit sans limite,  doit-on chérir toutes les choses vivantes.
Aimer le monde en son entier: au-dessus, au-dessous,  et tout autour, sans aucune limite, Avec une infinie bonté bienveillante.

Etant debout ou marchant, étant assis ou couché,  celui qui veut vivre l'Enseignement du Bouddha  doit avoir toujours présentes à l'esprit ces principes humains.
Ayant ainsi abandonné les vues fausses,
possédant la vision intérieure profonde,

Avec persévérance, s'appliquant à la vertu  
Parce que sans attachement à ses sens et aux illusions,
celui qui arrive à cette perfection ne connaîtra plus la souffrance.

Mon coeur est trop cher parce qu'il n'a pas de prix!

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Capture d’écran 2013-07-24 à 20.14.52Voir l'image en grand1 voteUn jour, dans la Corée des grands maîtres zen, un jeune moine alla voir le très grand maître zen Hyang Bong.
- Maître s'il vous plait, enseignez moi la sagesse, et la vérité de toute chose, celle qui ouvre le coeur et traverse l'existence même.
Hyang Bong répondit:
- Je suis désolé, mais mon enseignement, la transmission de la grande sagesse de la vérité qui va au delà de toute chose, cette sagesse qui déploie le coeur et traverse l'existence, est bien trop cher.
- Combien est-ce qu'il coute?
- Combien peux tu payer?
Le jeune moine fouilla dans sa besace et il y sortit quelques pièces:
- Voilà tout ce que je possède; donnez moi ce trésor du coeur, enseignez-moi.
- Tu pourrais m'offrir tout l'or du monde, une montagne d'or aussi haute que le mont Fuji, et pourtant mon enseignement, le trésor du coeur, serait pour toi encore trop cher.
Alors le jeune moine partit pratiquer la méditation dans un ermitage de longues semaines durant. Puis il revint voir le maître et lui dit:
- Maître je vous donnerais ma vie, me soumettrais à votre commandement, je serai pour toujours votre disciple; enseignez-moi le trésor qui libère le coeur; donnez-moi votre enseignement!
- Même si tu pouvais m'offrir mille vies, mon enseignement serait encore trop cher.
Découragé, le jeune moine s'en alla, et pratiqua la méditation zen intensément et de tout son coeur des mois et des mois durant. Puis il revint:
- Voilà, je vous donnerai mon esprit; allez-vous m'enseigner maintenant?
Hyang Bong lui répondit:
- Ton esprit est un seau d'ordures puantes. Je n'en ai que faire de ton esprit. Et même; tu pourrais m'offrir dix mille esprit, mon enseignement, le trésor du coeur, serait encore trop cher pour toi.
Une fois de plus le jeune moine partit pratiquer très durement, les formes d'ascèses les plus ardues et médita de longs mois. Puis une compréhension se fit jour en lui, il perçut que l'univers est vide et que tout ce qui apparaît, disparait aussitôt tout au long des existences. Alors il revint:
- J'ai compris ô combien votre enseignement est cher.
- Combien coute-t-il donc? repris le Maître Zen.
- HHAAAAAHHHHHHHHH!!!!!!!! cría le jeune moine.
- Non, il vaut plus que ça. Répondit Hyang Bong.
Le jeune moine s'en alla plongé dans une confusion et un désespoir total. Il fit alors le voeu de ne plus revenir voir le Grand Maître Zen tant qu'il n'aurait trouvé le trésor du coeur, la vérité de l'existence, celle qui ouvre le coeur et libère infiniment; l'éveil suprême.
Quelques années plus tard ce jour arriva; alors il revint voir le Grand Maître Zen:
- Maître, à présent je comprends: le ciel est bleu, l'herbe est verte.
- Non, non, non!! mon enseignent vaut plus cher que ça!
C'est à ce moment là que le jeune moine fut pris de colère et qu'il se mit à crier:
- J'ai déjà perçu cet enseignement qui était sous mes yeux depuis l'origine et bien avant ma naissance! J'ai déjà compris!!! Alors votre enseignement vous pouvez y nettoyer vos selles avec!!!
Hyang Bong sourit en sirotant son thé bleu.
L'étudiant sans se prosterner tourna le dos au maître et partit; mais juste au moment où il allait franchir le seuil pour quitter la pièce, le Maître Hyang Bong lui dit:
- Attends un moment.
Le moine tourna la tête surpris. Hyang Bong ajouta:
-Ne perds pas mon enseignement; n'égare pas le trésor du coeur!
En entendant ces mots, le moine fut éveille et traversé d'une grande sagesse, d'une immense liesse.



Nous sommes en train de courir la course effrénée des cadeaux de Noel.
Pour certains cela dure depuis plusieurs semaines; pour d'autre ça se concentrera sur les quelques heures qui précèdent le réveillon.
Excitation, exaltation, stress, "passionnements" et déceptions animent cette course folle des cadeaux de Noel.

Souvent nous avons envie de surprendre, de rivaliser, de marquer le coup comme on dit, pour faire plaisir généreusement ou pour attirer gratitude et reconnaissance.
Et pourtant nos cadeaux sont comme cet esprit que le moine veut offrir au maitre zen Hyang Bong; un seau d'ordure puantes.
Je vous vois froncer le front et crisper la bouche en lisant ces mots.
Héhé!
Certes, c'est plaisant un cadeau, moi même j'ai hâte de découvrir les miens aux pieds du sapant de Noel….moi même je me suis évertué à dégotter le plus joli cadeau pour l'homme que j'aime ainsi que pour mon entourage…moi même je n'arrête pas depuis plusieurs semaines de prévoir les plus "surprenantissime" cadeaux que pour l'heure je dissimules ici et là et que bientôt mon fils découvrira, les yeux pleins de lumières, au coeur de la nuit du 24…. Je suis le premier à me prendre au jeu, et j'aime ça!

Mais je ne puis m'empêcher de me dire "qu'est-ce que tu fais?"…"qu'offres-tu donc réellement?"…

Ne nous leurrons pas, même le plus généreux, le plus altruiste, le plus désintéressé des présents que nous offrons attends quelque chose en retour. Toujours.
Ne nous leurrons pas non plus, car dans ce que l'on reçoit aussi nous cherchons à obtenir, détenir quelque chose bien au delà du cadeau matériel. Pensez-y…

Dans ce que nous offrons, tout aussi bien que dans ce que nous recevons, tout au long de nos vies, nous cherchons plus ou moins consciemment ce qui va au delà du cadeau. Nous cherchons la satisfaction de l'autre, sa reconnaissance, notre propre satisfaction dans le plaisir de l'autre; nous cherchons aussi la valeur que l'autre met dans le cadeau qu'il nous offre, tout comme nous mêmes nous donnons une valeur dans l'échelle sur laquelle nous positionnons les destinataires de nos cadeaux. Il y a même des cadeaux que nous utilisons parfois pour punir, ou humilier…. Et, bien entendu il y a aussi tous ces cadeaux qui sont l'élan simple de l'envie de montrer notre amour notre affection pour l'autre.
En un mot, c'est l'amour, la bienveillance et la reconnaissance que nous recherchons.

Quoi qu'il en soit, dans le geste d'offrir ou de recevoir se déploie notre profonde recherche du trésor véritable, du Grand Cadeau. L'amour, le bonheur, le bien. Tout ceci est humain. Et puisque humain, tout ceci est noble et beau. Même dans nos gestes fragiles, même dans ces gestes parfois violents, maladroits ou égotiques, c'est l'intangible que nous essayons de toucher par le biais du tangible.

Tous ces cadeaux qui parfois dégueulent au pieds de nos jolis sapins, sont les béquilles plus ou moins heureuses de tous ces "autres cadeaux" que nous n'arrivons plus à nous offrir.
Le temps qu'on s'accorde, le pardon qui vivifie, la simplicité étourdissante du coeur, la bonté qui sauve, la comprehension qui unit, l'acceptation de la différence, la main tendue avec bienveillance, un sourire franc et vrai les yeux dans les yeux. Le bien.

Funambules d'une vie éprouvante, qui nous mène à des existences à la surface de nous mêmes, nous devenons si lointains de nos paysages intérieurs regorgeants de trésors, que nous finissons par les oublier. Et, avec le temps nous croyons que le bonheur se trouve à l'extérieur de nous, c'est pour cela que la course aux cadeaux de Noel nous illusionne de faire là quelque chose de vraiment bien. Comme pour rattraper tout ce que nous avons perdu…...

Mais lorsque le beau ruban est dénoué, le joli papier défait, le cadeau découvert…que reste-t-il vraiment? Nous sommes-nous vraiment donné l'essentiel? Ou bien avons-nous meublé une histoire qui petit à petit se prive de sens, d'émerveillement, de spontanéité et de profondeur? Je constate ô combien le cadeau est devenu une histoire de valeur. Il faut que ça claque, que ce soit à la mode, que ce soir cher pour avoir du "poids".

Rappelez-vous de votre enfance, ou regardez les enfants autour de vous.
Leurs cadeaux aux yeux du monde n'ont pas une grande "valeur" et pourtant ils sont comme l'enseignement du maître Hyang Bong: il n'ont pas de prix! Ni une montagne d'or, ni votre propre vie en échange ne pourrait les égaler!

Pèlerins du monde et de l'existence, nous cherchons à laisser une trace, ou bien à en saisir une qui nous marque. Nous cherchons particulièrement en cette période de Noel ce grand enseignement, ce trésor qui libère le coeur…mais nous offrons-nous vraiment le plus précieux des présents?

J'entends sans cesse ce terrible chantage qui gravite au tour de Noel, cette rengaine qui est répétée depuis notre petite enfance, je l'ai entendue à nouveau cet après-midi lorsque je me trouvais dans un magasin pour choisir des Playmobil: "Si tu n'es pas sage tu n'auras pas de cadeaux!"…ou "si tu fais des bêtises le Père Noel ne passera pas!", "Si tu es méchant l'enfant Jésus ne t'apportera aucun cadeau"….
Quelle tristesse!
C'est cela que nous transmettons à nos enfants? Est-ce donc ceci l'enseignement que nous donnons du haut de nos vies? On est gentils pour obtenir un cadeau? Les efforts de notre droiture, de notre justesse, de nos engagements de bienveillance et de bonté servent donc à obtenir des cadeaux? les plus jolis cadeaux? Et de toute façon la plus part du temps même les "méchants", même ceux qui ont rompu le contrat, ont leur cadeaux bien empaqueté aux pieds du sapin. Alors quelle grande supercherie, non?


Quand j'étais petit, j'ai eu l'immense cadeau d'avoir des parents qui avaient compris cela.
Les cadeaux de Noel pour nous n'étaient jamais des effets spéciauux pour ponctuer un quotidien terne. Et pourtant nous en manquions de rien; au contraire nous surabondions.
A Noel, chez nous, nous faisions l'effort de tourner l'amour de notre foyer vers l'extérieur. Mon père nous aidait à confectionner des images, des tableaux, des petites sculptures ou des paniers de gâteaux, et ma maman nous aidait à composer des poésies. Nous nous évertuons à écrire les plus jolis mots et à réaliser de nos mains et avec notre coeur les plus jolis objets ou pâtisseries. Tout cela était destiné à ceux pour qui Noel est tristesse et solitude. ET croyez moi, tout au tour de nous, dans nos immeubles, dans nos quartiers, dans nos bureaux ou dans nos écoles il y a tant de monde pour qui un petit geste donnerait tout l'éclat à Noel, et au delà de Noel à la vie.
Puis entre nous, en famille, le soir de Noël, nous inventions une histoire mise en scène par de beaux dessins et poèmes, qui retraçait notre année écoulée ensemble; c'était le moment de tant nous pardonner, mais aussi de tant nous dire l'amour et la bienveillance, la reconnaissance ou la gratitude. Cela, croyez-moi était déjà notre plus beau présent.

Au fond qu'enseigne-t-il ce Maître Zen au jeune moine?
Que nous avons bon aller chercher les plus gros trésors, donner meme notre vie, soumettre notre esprit, nous impliquer aux plus gros efforts pour épater l'autre et ainsi obtenir son plus beaux présent…cette attitude n'est pas le plus précieux cadeau. Tout cela n'est pas le plus incomparable trésor qui libère le coeur et engendre le bonheur. La sagesse qui nous sauve n'est pas cela.
Nous portons en nous bien des trésors dans lesquels nous pourrions puiser en abondance pour nous offrir les uns les autres le plus incroyable bonheur, la plus profonde joie, ce bonheur et cette joie que ni le temps, ni la mode, ni les changements de la vie ne pourront nous prendre ou abimer.
Mais nous l'oublions facilement…..

Comment le moine a-t-il compris cela?
C'est lorsqu'il a cessé son brouhaha, ses gesticulations, ses recherches à vouloir épater, ou prouver quelque chose…c'est lorsqu'il a accepté de devenir lui-même un don qu'il a pu véritablement se libérer de toute entrave et revenir à la vie en plénitude.

C'est le voeu de Noel que je formule pour chacun d'entre nous.
Que nous cessions de nous pavaner, d'attendre et d'essayer d'épater ou de prouver notre amour, notre bonté, notre grandeur.
Pour devenir nous même amour, bonté et grandeur.
Le voeu que je fais est qu'en cette nuit qui réunit familles et amis, à chaque fois que nous nous offrirons un joli présent, nous soyons avant tout nous mêmes le présent aux autres.
A cet instant là, vous verrez, celui qui donne, celui qui reçoit et ce qui est donné ne feront plus qu'un. Il n'y aura plus alors ni exhalation ni déception, car nous nous serons offerts nous mêmes en profondeur et en liberté.

Et si cette année avec chacun des cadeaux que vous offrirez vous vous aventurerez à écrire un joli poème pour le destinataire de votre cadeau? Essayez ce premier petit pas…jusqu'au jour où vous deviendrez vous mêmes poème qui se donne et émerveille votre entourage. Ceux que vous aimez et bien au delà…

Maître Hyang Bong a souri.
Le ciel est bleu, l'herbe est verte.
Le jeune moine a cessé de courir dans tous les sens; il a juste tourné la tête et regardé l'autre. Il a vu véritablement le visage de l'autre.
Soudain l'autre est devenu le plus beau présent.
Et vous, quel est le prix de votre trésor?
Quel est votre trésor?
Tournez vous, un instant, un instant seulement et regardez vraiment les visages au tour de vous ce soir de Noel. Devenez présent dans le présent qu'est l'autre.

Je vous souhaite un Noel d'émerveillement et de trésors débordants….mais vous savez déjà quels sont les vrais trésors.

Federico Jôkô
moine zen

Plus de murs…mais des ponts!

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Le Maitre Zen Seon, se leva de bon matin réveillé par les bruits des travaux du monastère.
Il vit ses moines en train d'élever le grand mur d'enceinte de temple.
En effet la veille, des voleurs de la province de Shu avait pillé l'autel du Temple.
Il enleva son habit et s'habilla d'un vêtement de travail.
Puis il se mêla aux groupes de moines travailleurs et systématiquement dès qu'une pierre était posée sur le futur mur d'enceinte, il la récupérait pour la jeter dans la rivière qui flanquait le côté est du temple.
Au bout d'un certain temps le maitre d'ouvrage pris conscience de cet étrange manège, et sans reconnaître le grand maître zen du temple il l'apostropha: "Que fait tu crétin?!"
Alors le maitre se mit à genoux et répondit:
"Ô maître d'ouvrage, je récupère les pierres dont vous voulez vous servir pour vous couper du monde et je les jette dans la rivière dans l'espoir qu'elles forment bientôt un pont pour nous relier à tous les êtres. J'ai pensé que de ce tas de ruine il valait mieux édifier un pont qu'un mur."


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En 1989 on a cru tout mur révolu.
Et pourtant murailles, remparts et autres barbelés ne cessent de refleurir. L'humanité pense se protéger alors qu'elle se fragilise et s'en va vers son morcèlement.
Depuis l'Anatolie ancienne (-8000 à -5000), ébauche de la civilisation, les barrières ont caractérisé l'homme. Et d'abord ces barrières étaient la réponse évidente à la sauvegarde d'idéaux illusoires religieux. C'est bien plus tard que la civilisation matérielle c'est appropriée le fonctionnement "des barrières".
Depuis le début, la ville, la cité, est par définition fermée, close.
Elle précède même l'agriculture, et elle sert de stockage pour les récoltes. Alors que les champs sont laissés libres et au vent. Non clos.
Je réfléchis et me dis que c'est bien pour cette raisons que les champs ont pu produire, développer, donner, nourrir l'humanité. Parce que "non clos".
Entre sédentaires agriculteurs et éleveurs nomades, seules les villes-temple ont voulu et su s'engouffrer dans le replis, la peur, et de par la religion, le mystère, l'occulte, le clivage entre ce qui est dans ou hors les murs.
Certaines sociétés se sont protégées mieux que d'autres, comme l'Egypte.
Et pourtant les plus grands pas de l'humanité ont pris forme et donné sens au moment ou celui dont on se défendait devint l'un des nôtres.

Toute défense est un leurre.
Pour l'Egypte ce fut l'isthme de Suez qui donna l'accès au riche delta du Nil. Commerce. Cela en va de même pour l'homme. Sans cesse il a eu besoin d'être pénétré par l'altérité combattue, avant d'élargir l'espace de sa conscience et déplanter la tente de ses convictions vers le pays de la largesse d'esprit.
La muraille d'Egypte, dit-on correspondait à l'idée que les égyptiens se faisaient du monde. Mais pourquoi?
Parce que foncièrement ce qu'ils défendaient était un monde civilisé - le leurs - contre l'impureté barbare du monde environnant. Ca nous parle n'est-ce pas?.........
La Chine ancienne en fit de même. Je m'y promenais il y a quatre ans sur cette impressionnante muraille. Indépassable, incroyable, terriblement inouïe. Et pourtant éphémère. Pharaons ou Empereurs emportés par le vent comme le sable.... Plus haute et épaisse est la muraille, plus fragile et petit est l'individu qui l'habite.
Que la muraille soit juste "narrative" visant à réduire le flot d'immigrants, ou qu'elle soit stratégique visant à arrêter une invasion militaire en bonne et due forme, cela ne change pas l'essentiel: toute muraille empeche de voir le monde, de le percevoir, de ressentir son émoi, de s'abreuver à ses manifestations diverses et étonnantes, à s'enrichir de l'échange de l'altérité.
Cette muraille que nous construisons sur nous mêmes produit les mêmes effets.
Ce "trait" de séparation artificiel de ce qu'à priori on croit être "le prédateur".
Pourtant, il me semble, que c'est bel et bien lorsque ce "prédateur nous a franchis, saisis, explorés, rencontrés", qu'il s'opère le miracle plus extraordinaire qui soit pour l'homme: la découverte de l'autre.
Et des murailles sur nous mêmes nous n'en finissons pas d'en bâtir.
La peur se transforme en haine. L'amour se fane. La beauté originelle du monde en est souillée.
Xénophobie, homophobie, racisme, sexisme, esprit colonial, sens de supériorité, hiérarchie des races…..nos peur sont devenues nos prisons.

Ce sont nos peurs qui bâtissent nos murailles.
C'est avec la décision de la construction du limes (cette sorte de muraille occidentale au rabais) que Rome confirme définitivement la fin de son ambition conquérante.
Il est question de conquérir. Car conquérir est noble. La conquête du monde est un acte d'une grande sagesse quand on s'arrête sur la signification de ce mot.
"Conquirere" en latin indique la recherche intense, profonde, quasiment viscérale à atteindre quelque chose ou bien se laisser atteindre par elle. C'est ainsi que parfois nous exprimons "je suis conquis" avec une joie profonde.
Atteindre, obtenir l'autre le monde en effaçant toute limite.
Nous avons vécu le "pré-carré" de Vauban, dans une France trop fatiguée de conqêtes.
Puis, la "ligne bleue des Vosges" ...... Puis après la saignée de 1914 nous avons conceptualisé les tranchées.
C'est la menace de l'arme nucléaire qui a rendu toute muraille obsolète. Soudain le risque de perte, d'invasion ou de mort est dans l'air, tout au tour. Sans limites.
Naissent ainsi les pire murailles que l'homme n'aura jamais connu. Celles qui n'ont aucune stratégie de défense d'un temple, ou d'un savoir, de la cité ou de la sécurité militaire; les murailles de nos peurs. Tout comme la Russie l'a fait vis à vis de la Chine, nous n'avons plus besoin de murailles imposantes, mais de langages dissuasifs et intimidants.
Ces murailles ne font depuis toujours que distinguer le soi-propre de l'autre. Et c'est en retraçant l'histoire qu'on se rends compte de combien cette distinction soit peu tenable sur la durée.
IL n'y a pas d'exemples de "barbares" qui n'aient fini par adopter une bonne part des conceptions du monde "civilisé" qui s'en défendait lui faisant face.
Tribus germaniques et empire romain engendrèrent le Moyen Age. La Chine dominée par les dynasties successives d'hommes de la steppe vit se succéder les plus raffinées et les plus savantes dynasties. L'Amérique du Nord englobant l'Amérique du sud n'ôtera rien à la pureté du projet américain.
Que deviendra ce barrage entre Israël et les Palestiniens?
Je n'aime pas exprimer des voeux à l'aurore d'une nouvelle année. Je trouve cela surfait.
Mais ce soir je regarde une étoile dans le ciel profond et voudrais tant que de toutes nos différences naissent la plus merveilleuses compositions. Que l'homme ne se dilue pas, mais s'unifie dans la différence. Tout compte fait si des murailles doivent exister pour délimiter et laisser apparaître les formes différentes d'une humanité si riche, alors que tombent les portails, les barbelés et autres ponts levis, et puissions nous passer d'un univers à l'autre, sans cesse, et tisser une humanité colorée et étonnante.
L'énérgie désespérée employée à élever murailles et barbelés, devienne l'énérgie infinie à construire un monde paisible, riche, fort, divers, et serein.
Non pas pour rêver ou pour se bercer d'utopies, mais parce qu'au delà de nos peurs et de nos impuissances, de nos barbelés en un mot, se trouvent les terres inimaginables et merveilleuses du sens de la vie.

Parce que les murailles ca ne donne que des ruines.
Parce que le champs non clos, nourrissent la terre.
Au lieu d'amasser des ruines, construisons des ponts.
Au lieu de nous faire la guerre, prenons place à la table de nos différences.
Plongez en vous, dans votre paysage intérieur merveilleux;
et faites tomber toute muraille!

Bon passage à la nouvelle année 2014!
Puissent fleurir nos ruines,
puissent nos murs devenir les plus beaux ponts qui relient entre eux tous les êtres et leurs merveilleuses diversités.


Federico Jôkô

moine bouddhiste zen

De l'amour de soi.

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Capture d’écran 2013-12-04 à 01.43.21Voir l'image en grand0 vote Un jour le moine Su-jo alla voir son maître:
- Maître vénéré, pourquoi malgré tous les efforts qu'ils produisent pour leur bonheur, les hommes sont éternellement malheureux et insatisfaits?
- Les hommes sont devenus fous, et ce monde avec eux, (Répondit le maître zen) car tantôt ils oublient qu'un jour il mourront, tantôt ils oublient que la vie se manifeste dans toute sa splendeur ici, sous leurs propres yeux.
- Mais comment puis-je les aider? comment puis-je les éveiller pour qu'ils se libèrent de la souffrance et parviennent enfin à épanouir leur vie?
- Commence par épanouir tes jours, pas t'aimer profondément et réaliser ta vie en profondeur. Il y aura déjà ici un fou de moins à sauver! Puis, laisse briller ton existence.
Les autres et toi même, êtes-vous pareils ou différents?


Le moine s'inclina respectueusement et sentit en lui se déployer un grand éveil.

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Installez vous dans le souffle libre qui va et vient.
Et laissez les paroles mentales, toutes ces pensées, ces discours intérieurs, les émotions, les sensations, les perceptions... laissez tout ceci juste passer dans votre vie comme des nuages dans le ciel. Devenez ce que vous êtes vraiment c’est à dire une immensité, un ciel infini.
Nous manquons à nos vies parce que nous vivons trop à la surface de notre existence.


Un des principes fondamentaux de l’enseignement du Bouddha est « metta », l’amour, la bienveillance.
Nous cherchons tous l’amour.


Nous le demandons et nous voulons aussi le donner. Ceci est une chose noble. Vouloir être aimé est juste. Ressentir le besoin d’aimer est juste aussi. Seulement notre amour, nos amours, sont parfois gauches, imparfaits, déséquilibrés. Ils se transforment souvent en déception, en souffrance.
Pourquoi ? Parce que, ce que nous avons oublié, est que le premier être à aimer, ici, c’est moi !


Le premier être envers qui diriger mon amour, ma bienveillance, « metta », c’est moi-même. Nous ne nous considérons pas nous-même en ces termes et du coup notre existence est un gouffre vide d’amour.


On pense que les gens s’intéressent à la façon dont on gagne notre vie ou à ce que nous possédons ; mais ce n’est pas ça qui est important. Ce qui est important c’est de savoir à quoi l’on aspire, si nous osons vivre ce désir ardent dans notre cœur qu’on appelle le bonheur, la plénitude. L’existence.


On a peur de l’âge. Certaines personnes ont honte d’être trop jeunes, d’autres qui n’osent pas dire leur âge avancé... Mais ce n’est pas notre âge qui est intéressant ; la jeunesse n’est pas synonyme d’immaturité ni la vieillesse synonyme de sagesse ; l’inverse non plus. Ce qui compte c’est de savoir quel est notre quête d’amour, quels sont nos rêves profonds et si cette aventure de la vie nous rend bien vivants, débordants de vie, quitte à être tellement brillants d’enthousiasme et à passer pour des fous. Ce qui est intéressant, important, ce n’est pas notre érudition non plus. Et pourtant toutes nos expériences, tous nos « savoirs » sont des enseignements précieux. Ce qui est important, c’est de toucher au centre de notre propre souffrance car là il y a le véritable apprentissage. Le véritable maître.


Laissons toutes les trahisons, les déceptions, les souffrances que nous avons vécu nous ouvrir, au lieu de nous enfermer dans la peur.
Ce qui est important c’est de ne se laisser enfermer ni par les craintes, ni par les blessures du passé, ni les blessures à venir. Pouvez-vous vivre avec la douleur ? La votre et celle d’autrui ? Pouvons-nous vivre avec nos souffrances ? Sans nous agiter pour les cacher, pour les amoindrir ?


Et aussi, pouvez-vous vivre avec la joie ? La vôtre et celle d’autrui ? Oseriez-vous faire de votre vie une dance, vous laisser envahir par l’extase jusqu’au bout des doigts, des orteils, sans être méfiants ni trop réalistes, sans être esclave des conditions humaines, des dogmes intellectuels ou des stéréotypes de ce monde fou ?
Ce qui compte ce ne sont pas les histoires qu’on se raconte. Etes vous prêts de décevoir quelqu’un quitte à rester vous même ? Etes-vous capable de supporter la calomnie, la trahison, sans pour autant devenir infidèle à votre âme ?


Apprendre à apporter un regard d’amour sur nous-même signifie se faire confiance profondément sans limites. Alors vous serez capables de voir la beauté même dans les lieux et les situations les plus sombres.


C’est dans cette beauté que vous trouverez la source de votre vie. Vous pourrez alors même vivre avec l’échec, le votre et celui d’autrui. Et malgré cela rester debout au bord d’un lac et crier « oui ! » face au disque argenté de la lune éternelle.


L’endroit où nous vivons n’est pas important ni la quantité d’argent que nous gagnons. Ce qui compte est de savoir si vous vous êtes faits suffisamment confiance pour que même après une nuit de chagrin, de désespoir, vous pouvez vivre, rester debout et faire ce qui est nécessaire pour vous, pour ceux qui vous aiment, vos enfants, vos parents, vos amis, vos proches, et bien au delà... Ce que vous êtes, la façon dont vous êtes venus par ici n’est pas importante, mais saurez-vous rester au centre du feu de la vie sans reculer ?


Ce qui compte n’est pas ce que vous avez étudié, ni où, ni avec qui. Ce qui compte est ce qui vous soutient à l’intérieur de vous-même, ce qui vous soutient lorsque tout le reste vous écroule. Etes-vous sûrs d’être capables de rester seuls avec vous mêmes, en vérité, et de garder avec vous-même la joie ?
Porter un regard d’amour sur soi c’est commencer à être en plénitude.


Faire confiance, vous faire confiance, comme à cet instant où vous vous êtes assis ici dans ce dojo, où vous avez tout abandonné. Voilà. Porter ce regard d’amour dans toute votre vie bien au delà du dojo, signifie comprendre que votre vie est comme une toile blanche, sur laquelle à chaque instant vous pouvez faire le choix libre d’y dessiner la joie, le bonheur, ou d’y dessiner l’insatisfaction…. et ça, ça, c’est toute notre splendeur.


Je vous en prie, méditez! Approfondissez votre merveilleuse existence. Ne vous quittez pas. Ne vous perdez pas.


Apprenez à vous retrouver, avec les autres dans le silence et vous approfondir pour que votre vie soit comme la floraison des pruniers sur la terre d’Orient, que votre vie soit comme l’encens que l’on offre et son parfum suave qui embaume, une toile blanche sur laquelle vous décidez à tout moment d’y peindre le bonheur ou l’insatisfaction.
Toute votre splendeur. Suivez le souffle. Devenez ce que vous êtes.

Federico Dainin Jôkô Procopio, moine bouddhiste zen

www.lamontagnesanssommet.com

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De l'amour en Soi.

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Capture d’écran 2014-02-27 à 14.38.29Voir l'image en grand0 vote Un jour en contemplant le ruisseau j'ai réalisé, soudain, que mille éclats de lune dansaient dans le mouvement de l'eau….
Puis mon visage apparut aussi dans le reflet.
Il y eut alors mon visa
ge et la lune, la lune et mon visage.
Ce fut l'éveil.
Rien que la lune. Rien que mon visage. Rien qu'un ruisseau. Rien qu'une danse.

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Lorsque vous méditez, asseyez votre corps avec toute la compassion dont vous êtes capables à cet instant.



Si vous deviez tenir entre vos bras l’être le plus fragile qui soit, si vous deviez tenir dans vos bras l’être le plus aimé de votre vie, et que cela devait se traduire par la façon dont vous vous asseyez, asseyez vous avec autant d’amour et autant de bienveillance.

Ne bougez plus ni le corps ni le regard. Devenez vastes, plus vastes que ce corps. Et lorsque le corps est bien assis, installé dans la vie, enraciné dans la terre, présent à votre histoire, droit et ouvert vers le ciel, lorsque ce corps est vraiment assis, alors laissez l’esprit s’assoir. Demeurez présents. Sans attentes.


Prenez une belle posture, harmonieuse, élégante et joyeuse. Et dans ce silence ne faites rien d’autre que de vous observer, de vous percevoir. Ne faites rien d’autre que de tourner la lumière de tout votre amour en vous même.
Ce soir ne faites rien d’autre que cela.


Suivez le souffle. Suivez l’air qui traverse vos narines, passe derrière la tête, emprunte la trachée et, après les bronches, elle remplit vos poumons ; et observez votre corps qui se dilate. Puis suivez ce même souffle qui quitte le corps, les poumons se vidant et votre expiration allant jusque bien en dessous de votre nombril. Et le corps se vide. A cet instant, il n’y a aucune autre vérité que celle-ci. Soyez présent au souffle, soyez présent à vous-même.


Relevez vous doucement. Prenez conscience de ce corps qui se lève et se tient debout.
Respirez. Tenez vous droits, étirés, grandis, vastes entre le ciel et la terre. Prenez conscience du corps. Avec la conscience que ceci est votre corps. Avez-vous seulement conscience que ceci est bien votre corps ? votre seule véritable demeure ?

La base de votre corps bien large, installée au sol, bien enracinée, le dos droit mais pas raide, le menton légèrement rentré, les avants bras au niveau de l’aine, le poids des épaules qui tombe sur vos avants bras : lâchez tout ! Ouvrez vos mains à l’infini ; la main droite paume vers le haut tient la main gauche paume vers le haut, et les deux pouces se touchent. La bouche est fermée, on respire par le nez. Et le regard mis clos devant vous à environ un mètre. N’essayez pas de prendre la posture de zazen, laissez la posture de zazen vous assoir. Et respirez. Libres.


Voici un poème du Maître Wenchi :



« Le moment venu,  juste au-delà de la vallée du monde,  tu te lèveras léger dans le firmament de l’esprit.  L’enfant de jade s’envole assis sur un phoenix azur,  l’enfant d’or offre une pêche écarlate.  Deviens cet homme qui effleure une harpe, une harpe sculptée dans les fleurs.  Devient cet homme qui joue, qui joue une flûte de cristal au clair de lune.  Mortel et immortel n’existent plus. C’est ainsi que léger que tu traverseras l’océan. »

Qui êtes-vous ? Qui êtes-vous ? Qui est celle ou celui qui se tient assis sur ce coussin ? Si vous ne pouvez pas répondre correctement à cette question, comment pouvez-vous vous aimer ? Comment l’on aimerait quelqu’un d’inconnu ? Qui êtes-vous ?




« Le moment venu, juste au-delà de la vallée du monde, tu te lèveras léger dans le firmament de l’esprit. »


Qui est celui qui se lève léger dans le firmament de l’esprit ? Et où se trouve se firmament ? Le firmament et vous-mêmes êtes-vous pareils ou différents ? S’il vous plaît laissez tout tomber, lâchez tout. Mais ne rejetez rien. Gardez juste cette grande, vaste, incroyable question « que suis-je ? ».


Que suis-je ? Alors, que suis-je ?


Si vous laissez cette question raisonner vous allez voir apparaître dans votre esprit tout un tas de réponses. Que suis-je ? Et soudain….., je suis ceci, je suis cela. Je suis heureux, je suis malheureux. Je suis beau, je suis laid. Je suis intelligent, je suis crétin. Je suis homosexuel, je suis hétérosexuel. Je suis chanceux, ou je suis celui qui n’a pas de chance. Je suis ce corps, ce prénom….. Et pourtant vous n’êtes rien de tout cela. Ni ce que vous dites être, ni ce que les autres on dit de vous. Ni ce qu’il a fallu dire pour être acceptés, pour être aimés. Ni ce que vous avez souhaité ce que les autres disent de vous, ni ce que vous n’avez pas souhaité que l’on dise de vous.


Qui êtes vous ?



« Le moment venu, juste au-delà de la vallée du monde, tu te lèveras léger dans le firmament de l’esprit. »


Qui es ce « tu » ? Notre esprit ne peut se lever léger tant que nous n’avons pas abandonné toutes ces étiquettes : beau, laid, bon, mauvais, heureux, malheureux, crétin, intelligent, homosexuel, hétérosexuel...


S’il vous plaît laissez les toutes tomber.  Mais alors que reste-t-il ? Lorsque la chambre de votre coeur, le palais de votre esprit, ce firmament, seront dépouillés de toutes ces étiquettes encombrantes et illusoires, alors le moindre recoin pourra être éclairé.


Que suis-je ? Un vide insondable, un grand « ne sait pas ».
Et le vide n’est pas le néant. Le vide est le réel merveilleux parce qu’il peut sans cesse tout recevoir, puis se vider à nouveau, et à nouveau encore et encore, tout recevoir. Ce vaste vide insondable en nous, est notre plus précieux trésor.


Observez votre esprit à cet instant. Observez toutes ces pensées, ces émotions, ces perceptions, ces sensations. Regardez tout ce qui se passe dans votre esprit, la joie, la tristesse, l’amour, la haine, la colère, l’enthousiasme, le bien être, le mal être. Qui êtes-vous ?
Pouvez-vous attraper une seule de ces pensées, de ces émotions, de ces sensations que nous éprouvons sans cesse. Qui peut les attraper ? Rien n’existe en soi, juste un vide insondable. Fréquentez régulièrement cette profondeur de vous, là où il n’y a plus aucune étiquette, ni même les étiquettes que vous avez collé sur votre vie, ni celle que les autres ont collé pour vous.


Et là…. voici « l’enfant d’or qui offre une pêche écarlate ».
Là s’offre devant vous toute votre beauté, toute votre grandeur. Simplement. Ceci est zazen. Allez toucher en vous cette nature véritable. Votre véritable esprit qui est libre, vaste, sans étiquettes. Regardez vous au plus intime. Regardez au delà de toutes ces pensées, ces sensations. Regardez au-delà, ouvrez les yeux, éveillez-vous. Juste un vaste, merveilleux, vide insondable. Et soudain, vous êtes tellement légers de liberté. Et soudain tout est tellement possible, tout, le pire comme le meilleur. Mais vous ne serez jamais ni ce pire ni ce meilleur.


Nous sommes tellement immenses. S’il vous plaît laisser zazen vous approfondir, jusqu’à toucher ce vaste vide insondable. Laissez-vous vous émerveiller lorsque vous portez ce regard vers vous mêmes.


Qui êtes-vous ? Que suis-je ?
Tantôt cet homme qui joue une harpe, une harpe sculptée dans les fleurs, c’est-à-dire le bâtisseur de toute la beauté du monde en vous. Tantôt cet homme qui joue, qui joue une flûte de cristal au clair de lune, c’est-à-dire un être qui fait de sa vie, fragile et précieuse, un don harmonieux, unifié à tous les êtres.


Cela commence d’abord par l’amour de vous-mêmes. L’amour de vous-mêmes. Mais comment vous aimer sans déjà vous connaître ? Alors je vous en prie garder précieusement cette grande question « que suis-je ? » à chacune de vos inspirations, laissez vibrer ce « que suis-je ? ». Puis en expirant, lâchez tout, même la réponse. Que suis-je ? Et lorsque cette question sera enraciné dans votre souffle à chaque instant vous verrez qu’il n’y aura pas d’autre réponse que vous même, instant après instant. Oui la réponse à la grande question n’est autre que vous –mêmes.
La grande réponse n’est autre que notre vie. A chaque instant différente, nouvelle. C’est incroyable !
Aussi ce travail avec vous-mêmes est le travail de toute une vie. Vous pouvez être émerveillés à chaque instant et peindre votre existence d’émerveillement. C’est notre grande beauté intime.
Vous êtes tellement beaux au plus profond de vous. Laissez votre beauté jaillir. Redécouvrez vous. Que suis-je ? Que suis-je ?
Que suis-je….. et lâchez tout. Répondez à la vie par la vie. Car il n’y a pas d’autre réponse à la vie que la vie même.
Que suis-je ?


« Le moment venu, juste au-delà de la vallée du monde, tu te lèvera léger dans le firmament de l’esprit. L’enfant de jade s’envole assis sur un phoenix azur, l’enfant d’or offre une pêche écarlate. Deviens cet homme qui joue cette harpe, une harpe sculptée dans les fleurs. Devient cet homme qui joue, qui joue une flûte de cristal au clair de lune. Mortel et immortel n’existent plus. C’est ainsi que léger tu traverseras l’océan. »

Manifestez, ici, le moment favorable. Il ne dépend que de vous.


Federico Dainin-Jôkô Procopio
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